dimanche 28 septembre 2008

Envoyer juste l'extrait d'une vidéo par e-mail


J'ai été invité à tester Videosurf, un nouveau méta-moteur de recherches, encore en version beta. Les fonctionnalités s'avèrent prometteuses.

On peut compulser des dizaines de sites de vidéo (comme le permettent déjà Blinkx, Truveo, Videofetcher...), mais aussi visualiser d'un seul coup d'oeil les différentes séquences de la vidéo (la time-line), voire ne sélectionner que l'apparition des visages au sein du clip !

Parmi ces nouveautés, une application a attiré mon attention: on peut sélectionner très simplement un extrait d'une vidéo avant de l'envoyer par e-mail à son réseau.
Les point d'entrée et de sortie se sélectionnent avec la souris, une miniature et le time-code apparaissent en temps réel. Vraiment bien.

Il fallait auparavant télécharger la vidéo, la découper, et recharger l'extrait sur une plateforme pour alerter et/ou buzzer la vidéo. C'est maintenant à la portée de tous - en beaucoup plus rapide et plus viral...

PS: Il n'est pas encore précisé si le partage prévu via Facebook, Digg, etc...concerne l'extrait de la vidéo ou tout le clip. Mais la première possiblité serait la plus logique, et la plus...fun. :)

dimanche 21 septembre 2008

Pub: ne dites pas "websérie", mais "placement de produit divertissant"


Avant, tout était simple. Le producteur produisait, le diffuseur payait en se rémunérant sur la pub ou des abonnements (Canal plus). Aujourd'hui, personne n'imagine lancer une série payante sur le web.

Pourtant, le public (jeune, urbain, connecté) est là - et de moins en moins devant sa télé.

Hormis le spot de 30 secondes, une formule s'impose pour dégager des budgets conséquents (pour le web): le placement de produit.

On ne dit donc plus websérie mais "branded entertainment". Cela existait déjà dans les films, les séries TV, mais comme une source ponctuelle et non-exclusive de financement, ici c'est sytématique !

Le grand avantage? Sur le net, on peut acheter en un clic le produit présenté pendant l'émission.

Plus rapide, plus efficace qu'à la télé. Pour le lancement de son web-reality show Model.live à 3 millions de dollars, le magazine Vogue USA a fait débourser "des centaines de milliers de dollars" à son principal sponsor, le fabricant de prêt-à-porter Express.

On retrouve le même business plan dans Gemini Division, l'autre gros budget de la rentrée en matière de websérie (NBC digital). Le producteur s'est associé à Intel, Cisco, Microsoft pour cette histoire de science-fiction.

Et on entre en effet dans une autre dimension, à en croire ce récit d'un reporter de Wired: c'est le producteur lui-même qui suggère à l'annonceur le meilleur moment pour placer un nouvel outil de visio-conference !

Se mettre d'accord sur le script, c'est le prix à payer dans ce nouvel écosystème pour faire de la série un "self-financing marketing vehicle", comme le dit le producteur de Gemini.

En France, la nouvelle websérie sur David et Cathy Guetta est sponsorisée par Hollywood chewing-gum (qui veut se renforcer sur le "segment blancheur", paraît-il).

L'ère du "branded entertainment" systématique ou "advertainment" - cf Blue, la nouvelle agence de pub de Luc Besson - risque de faire bouger les lignes entre créateurs, agences de pub et diffuseurs.

De nouveaux intermédiaires se créent aux Etats-Unis. Un scénariste en mal de financement d'un côté, une marque qui cherche à toucher efficacement sa cible de l'autre, et au milieu, une agence qui s'occupe de tout pour placer le produit au bon moment dans la bonne série - et sur la bonne plateforme.

Après le sponsor discret dans les vidéos virales comme celle de Matt Harding (relire Internet et opinions à ce sujet), les marques investissent les fictions à (plus ou moins) gros budgets sur le web.

Avantages par rapport au lancement d'une seule vidéo virale: la série est étalée dans le temps, on peut fidéliser une cible, contrôler le script...Reste à déterminer le point de saturation du public...Vous le situez où?

mercredi 17 septembre 2008

Un autre journal pour TF1: le "JT off "

Alors que la nouvelle formule du 20 heures de Laurence Ferrari peine à s'installer (même s'il est encore un peu tôt pour en tirer des conclusions), TF1.fr lance son"JT off".

Un journal diffusé sur le web et qui commence avec cette formule surprenante, de la part d'un diffuseur: "Ce que vous n'avez pas vu à la télé" ! Intéressant de voir que ce slogan est aujourd'hui aussi vendeur que le macaron d'antan, "Vu à la TV"...

Le "JT off" est un ovni. 12 minutes. Tourné par Matthieu Dupont (avec Alexis Pinel), l'un des plus grands reporters d'images du PAF (c'était aussi mon prof au CFJ), qui écrit seul ses sujets. Le thème choisi: les coulisses de la visite du pape à Paris. Pas de commentaire sur images (la tendance se confirme), des effets de montage originaux, des séquences de vie. En effet, on ne voit pas tout ça au JT sur cette longueur.


Pour Pascal Emond, le rédacteur en chef du portail d'info de TF1 et LCI.fr, " l'idée, c'est de proposer un format pour le Web, tout images, séquencé, avec beaucoup d'effets, un peu de caméra subjective.
Objectif : soulever le capot de l'actu, raconter une histoire différente autour d'un événement déjà très suivi en TV.

L'objectif développement : montrer, face aux pure players, qu'un grand media TV peut inventer des formats pour le Web, avec une démarche de grande qualité, dans notre logique "media global. "

Info transparence: j'ai longtemps travaillé à LCI.


Le JT OFF sélectionnée dans Actualités & Politique


mercredi 10 septembre 2008

Vérifier les images amateurs, un nouveau défi pour la presse


Je reproduis ici une tribune, publiée ce soir dans le Monde (je remercie la rédaction au passage) - que j'avais intitulée "Vérifier les images amateurs, un nouveau défi pour la presse". Et qui commençait par cette phrase interrogative: Bientôt 6 milliards de Tintin reporters? Ce papier a été nourri par mon expérience quotidienne de rédacteur en chef chez Citizenside.com .

"Une poignée de chiffres fait tourner la tête des professionnels de l'information. Le discours de Barack Obama, lors de sa visite à Berlin, est visible de 2 000 angles de vues différents sur le site internet de partage de photos Flickr. "Discours d'Obama à Berlin" sur Google vidéo ? Quelque 800 séquences visibles en un clic. Le candidat démocrate à la Maison Blanche n'a pas parlé devant une foule, mais devant une mer de bras levés portant téléphones portables, appareils photo et caméras vidéos.

Chaque minute, le site YouTube reçoit treize heures de vidéos chargées par des particuliers. Flickr a déjà franchi le cap des deux milliards de photos stockées. Près de 90 % des téléphones portables sont désormais équipés d'un appareil photo et 300 millions de clichés seraient pris chaque jour dans le monde.

Dans cette moisson d'images en tout genre, combien d'entre elles apportent une information ? Combien de scoops ? Quelques-uns, assurément. Le 7 juillet 2005, la chaîne de télévision BBC a reçu 300 photos des attentats à Londres, la plupart envoyées directement depuis des téléphones portables. Elles ont permis de comprendre très vite qu'il s'agissait bien d'actes terroristes et non d'une panne de courant. Depuis, le phénomène s'amplifie. Aux Etats-Unis, CNN a reçu 11 000 vidéos l'été 2007, lors des incendies en Californie.

Face à cette révolution, le risque perçu par les médias est double : d'une part une concurrence dans la production d'images d'actualité, d'autre part une crainte de falsification liée à cette nouvelle source d'information. Disons le tout net : les images amateurs ne remplacent pas le travail des journalistes. Mais aucune rédaction ne peut être présente partout et à tous moments. Un reporter est envoyé avec l'aval de sa hiérarchie pour traiter un événement dans un format et selon un angle propres à son média. Pas M. Tout-le-Monde.

Le risque de falsification est, lui, bien réel, depuis l'inexactitude ou le recopiage, jusqu'au trucage ou la manipulation, dans un but de propagande. Ne tombons pas dans la paranoïa. Les milliers de photographes immortalisant le discours d'Obama étaient bien à Berlin. Derrière chaque photographe amateur ne se cache pas forcément un dangereux manipulateur. Pour autant, il est du devoir des journalistes d'affronter ce nouveau défi. Pour devenir une information, le témoignage brut doit être authentifié, édité, remis en perspective : nous sommes au coeur du métier de journaliste. Ignorer l'existence des images amateurs revient à s'exposer sans défense.

Dernier exemple en date : la diffusion au journal télévisé de France 3 Nord - Pas-de-Calais d'une photo de la tornade meurtrière à Hautmont, dans le Nord. Une photo présentée comme prise sur le vif par un particulier, envoyée par courriel à la mairie, et dont l'auteur est resté injoignable. La rédaction a pris le risque de passer le cliché. Mal lui en a pris : la tornade en question avait touché le nord de l'Angleterre il y plus d'un an. La supercherie a vite été découverte par des internautes avisés. Les vérifications éditoriales passent par des moyens traditionnels (analyse des éléments contenus dans l'image, coups de fil au contributeur amateur ou sur les lieux mêmes de l'événement), mais aussi par l'utilisation des moteurs de recherche en ligne permettant de détecter les images recopiées.

Au-delà de Google, de nouveaux outils en cours de développement vont permettre de décrypter plus finement le contenu même de l'image. Des logiciels permettent déjà de détecter la retouche d'images. De même, de nouvelles interfaces doivent être installées au sein des rédactions pour recevoir et traiter les contenus amateurs. Cela nécessitera la création de nouveaux métiers de "chercheur-vérificateur" selon l'expression proposée par le journaliste Alain Joannès, pionnier en ce domaine. Il faudra, enfin, s'appuyer sur le public lui-même. Ce n'est pas un journaliste qui a découvert la duplication de la photo de la tornade d'Hautmont, mais bien des internautes, passionnés de phénomènes météo. De même, l'agence Reuters a découvert la retouche d'une de ses photos d'un bombardement à Beyrouth pendant la dernière guerre avec Israël grâce à une communauté d'utilisateurs de Photoshop.

Faire appel à des non-journalistes, est sans doute l'aspect le plus dérangeant pour des professionnels de l'information. D'autant que cela ne garantit pas totalement l'authenticité d'une image amateur. Mais l'information traitée dans l'urgence n'est jamais fiable à 100 %. Il n'y a pas d'un côté un îlot de terre ferme, et de l'autre une étendue de sables mouvants. Il n'y a que de nouveaux sentiers à défricher."

mercredi 3 septembre 2008

Reportage : vers la fin du commentaire sur images?

Le micro? rangé au fond du placard. La voix-off est en voie d'extinction. Les journalistes tournant des reportages vidéos pour internet se passent volontiers du (toujours) sacro-saint commentaire sur images à la télévision.

Le no comment, il faut en parler: c'est une tendance lourde.

On la retrouve au Parisien.fr. A noter que le groupe n'a pas souhaité investir dans une fréquence TNT et développer une équipe de reporters multimédias, avec des vidéos souvent très réussies et non-formatées télé. On ne peut pas encore "embarquer le lien", mais ça viendra :).

Même chose avec les reportages (bien tournés et originaux) de Newsweek, chez les pure-players comme Boing Boing TV: on laisse parler l'image, le son d'ambiance, les personnes rencontrées. De la vraie vidéo.

Ce n'est pas une règle absolue. Le New York Times ou encore le Washington Post diffusent des reportages commentés. Mais on est sur des formats plus longs qu'à la télé, et le ton est beaucoup moins saccadé que sur CNN.


Première raison à cette disparition, le commentaire sur images est trop connoté télé. La télévision ayant elle-même copié les formats de la radio au début de son histoire. Ainsi que la séparation des tâches et les profils de poste (le chef d'équipe, à la télé, c'est celui qui tient le stylo et cause dans le poste, pas le cameraman. Cela m'a toujours paru étrange).

En revanche, euh...vous en avez vu beaucoup sur You tube, des gens qui commentaient leurs exploits au montage? nt, nt, ça ne colle pas. Le net a d'emblée inventé de nouveaux formats.

Pour Nicolas Jouandet de l'agence de presse 1835.fr, le commentaire sur images est ainsi mal adapté à la production de reportages online.

Pour brancher un microphone pro sur son PC, il faut une carte son spéciale, rédiger son texte, rajouter une piste... "tout ça pour finalement s'entendre dire par les sites clients que ce n'est pas 'leur' ton à eux, que ça fait trop 'télé'... On verra à l'avenir si c'est une simple mode, mais pour pour l'heure, le web ne jure que par le no comment", m'a confié Nicolas.

Ne pleurons pas la mort du commentaire sur images. Je le trouve personnellement de plus en plus ringard sur les sujets télé news et magazines. On rigole beaucoup en écoutant les "Actualités" des années 30, il faudra moins de temps à la nouvelle génération pour sourire du ton employé sur nos JT.

Pire: je trouve le commentaire sur images peu efficace.

En une minute trente, il faut parler vite, caser deux extrait d'interview de 15 secondes, chuter, tout en montrant...des images, quand même!

Cela fait beaucoup à digérer, surtout quand on dîne à 20h en famille. Bizarrement, les journalistes télé n'ont jamais accès à des études sur la mémorisation de l'info (comme pour les publicitaires).

1 minute trente, c'est à peine dix phrases, courtes, d'où le passage par des tournures de phrases et des poncifs éculés.

Il reste nécessaire de contextualiser, expliquer ce que l'on voit à l'image. Une photo ou une vidéo sans légende ou explication peut s'avérer trompeuse. Le "no comment" d'Euronews tient pour des sujets immédiatement compréhensibles et titrés ("ambiance avant le concert de Madonna"), mais l'exercice reste périlleux.

Newsweek ou le Parisien.fr ajoutent des infos par écrit, sur et/ou en-dessous de la vidéo (cela remplace le lancement du présentateur, lui aussi porté disparu).

Le message passe mieux, selon moi. On peut aussi imaginer d'autres modes de diffusion de l'info à l'avenir (des liens hypervidéos, des info-bulles?) Qu'en pensez-vous?

MAJ (08/09/08): Dans la catégorie "No comment", je rajoute les fabuleux webreportages de Géo (un modèle de présentation multimédia, comme le rappelait Alain Joannès sur son blog), les reportages de l'équipe de Rue89 et de ses contributeurs (parmi les tous premiers en France à avoir mixer écrit/vidéo dans leur récit), on peut encore citer l'Express.fr, nouvelle formule qui produit de plus en plus de vidéos comme celle-ci.