lundi 10 novembre 2008

Les web-cartoons cartonnent (et leurs sponsors aussi)

Retour sur une expérience toujours en cours: le dessin animé Cavalcade of Comedy.

L'un des plus gros budgets de série en ligne - on parle de plusieurs millions de dollars. Et le plus beau succès de la rentrée, signé par Seth Mc Farlane, un créateur déjà bien installé avec Family Guy.

Des épisodes courts : 2 minutes. Des chiffres démesurés: 2,6 millions d'épisodes vus les trois premiers jours en septembre. 14 millions de vus pour les six premiers épisodes. Le 9ème abonnement le plus populaire de l'histoire de You tube.

Du jamais vu.

Beaucoup plus que l'autre gros budget de la saison (mais avec une stratégie d'audience différente: Model.live de Vogue USA et Express)

Sa recette: l'humour, version encore plus trash que South Park. Sur le net, pas de censure. Exemple avec ce hit (7 milions de vus sur You tube):



Depuis le début, le succès ne se dément pas. Les épisodes les moins populaires rassemblent 350,000 personnes. Le dernier épisode, à l'heure où j'écris ces lignes: 61 000 vues en moins de 18 heures.

De quoi faire rentrer les 50 épisodes prévus dans les annales de la (récente) histoire des productions online-only.

Les chiffres semblent inclure les bannières Adsense. Le modèle économique est en effet inédit: à côté du classique sponsor (Burger King, qui ne regrette sûrement pas son choix!), la série est distribuée directement en lieu et place des bannières Adsense statiques sur certains sites ciblés.

Plutôt que de voir une pub, vous tombez sur un dessin animé - précédé d'une pub (en pre-roll). Ce serait l'un des plus gros deals jamais signés par Adsense.

Les revenus sont donc partagés en quatre: l'auteur, Google/Adsense, Mediaright (la régie publicitaire), et le site où la vidéo est syndiquée.

"Nous réinventons le media de masse" avait annoncé Kim Malone Scott, le directeur des opérations de Adsense. Sa prédiction semble se réaliser...

A noter un autre gros succès, pour rester dans les dessins animés originaux: Supernews, de Josh Faure-Brac, produit par Current TV (le site et TV d'Al Gore). L'un des épisodes a dépassé les 3 millions de vues sur You tube.



Remarque de Faure-Brac, dans son interview à Mark Glaser de PBS: "With a live audience, a comedian can know if something is funny or not. With the Internet, we can know if something is funny or not within a day or two."

jeudi 6 novembre 2008

Info régionale et vidéo en ligne: qualité ou quantité?

Retour sur un débat qui a agité la blogosphère américaine des éditeurs en ligne de presse régionale, jusqu'à faire réagir le pape, sa sainteté Rob Curley :

Maintenant qu'on s'est tous mis à la vidéo, que faire?
Des sujets magazines originaux et léchés, de l'enquête, de l'interactivité pour se distinguer de la télé?

Ou miser sur l'info chaude, avec des pastilles d'une minute vite tournées, vite montées, pour concurrencer les chaînes locales en jouant sur la rapidité de la mise en ligne?

Bref: la qualité ou la quantité?

(On aimerait un même débat en France, mais j'y reviendrai dans un prochain post: la presse quotidienne régionale (PQR) hexagonale, à quelques exceptions près, a pris beaucoup de retard dans la vidéo - ne serait-ce qu'en Europe par rapport à la presse britannique, espagnole, italienne)

Tout est parti d'un billet d'Angela Grant de News videographer taclant un confrère (Howard Owens du site local Batavian) se vantant d'avoir tourné-monté-diffusé un incendie plus vite que son ombre. Sans vraiment prendre trop le temps de filmer l'essentiel (la maison en feu).



Angela Grant donne aussitôt un contre-exemple de meilleur récit en images d'un fait-divers similaire. Le débat s'enflamme...

Réaction de Colin Mulvany , (cité parmi les bons élèves): dépassons le débat qualité/quantité et posons-nous les questions suivantes:

- (au fait) Pourquoi réalisons-nous des vidéos pour nos sites?
- Le public est-il en demande de vidéos de qualité?
- La vidéo attire-t-elle des visiteurs?
- Peut-on se permettre de diffuser des sujets de mauvaise qualité?
- La vidéo est-elle nécessaire pour les "petits" sites de piètre qualité sans budget?

Ces questions ont titillé le phare de Las Vegas, Rob Curley, qui livre des réponses éclairantes (ok, celle-là était facile). Je résume, réédite et traduis très, très librement:

- Pourquoi un site régional doit-il faire de la vidéo, et quelle est notre stratégie, au Las Vegas Sun?

"Nous suivons avec attention les innovations en cours sur les supports (Apple TV, kindle, HD sur IPTV) et les plateformes (You tube, etc), pour être prêt avant les autres le jour J: quand des terminaux mobiles, multimédias et connectés seront dans la poche de Mr tout-le-monde.

J'utilise internet pour le texte (email) mais le réseau devient une espace visuel incroyable. Il y a une raison qui explique le succès énorme de You tube, des photos sur Facebook (10 milliards de photos stockées, 300 000 clichés vus chaque seconde, ndt).

Nous avons besoin de récits visuels bien racontés (great visual storytelling) et bien présentés.

"Si, au Las Vegas Sun, nous mixons nos intuitions éditoriales avec nos prouesses techniques, je pense que notre équipe de reporters vidéos n'est pas seulement d'une importance cruciale pour notre survie, mais également un élément-clé de notre développement futur. "

- Est-ce que le public est à la recherche de vidéos de qualité?

En introduction, Curley explique : "au Las Vegas Sun, je rangerai notre production video dans la catégorie qualité.

Mais pas au sens où on l'entend dans le débat en cours.

Nous avons investi dans un personnel très qualifié de journalistes mobiles, mais ils sont tenus de réaliser un reportage par jour.

Il faut être très réactif sur le fait-divers local, comme un accident de voitures spectaculaire impliquant un camion en feu.

Qualité ne doit pas rimer avec ennuyeux. J'ai vu des professeurs et confrères se pâmer devant des vidéos du Washington Post (Curley travaillait au Post), et quand je regardais les chiffres...je pense que ces reportages ont juste été vus par l'équipe et leur famille...

La question n'est pas tant celle de la qualité/quantité, mais celle-ci: réalisons-nous les vidéos que les gens veulent vraiment voir?

Voulons-nous des interviews des sportifs vedettes du coin, du "people", des faits-divers, de la bonne info locale? Oui. Voulons-nous produire aussi des web-documentaires percutants? Oui.

Si les gens viennent pour déguster un steak-frites, il faut s'assurer de leur proposer aussi des brocolis. Nous voulons leur donner ce qu'ils veulent et ce dont ils ont besoin.

Notre but est de servir les masses, pas seulement l'élite. Si nous ne proposons que du brocoli à chaque menu, le public finira par déserter notre restaurant. "

- Est-ce que la vidéo a attiré des visiteurs sur votre site?

Rob Curley reconnaît que les chiffres d'audience restent modestes. D'où l'intérêt de se concentrer sur le marketing, de mieux faire connaître son offre.

"Passer nos programmes sur les stations locales me semble être une étape obligatoire", écrit Curley (le Las Vegas Sun produit déjà des émissions sportives).

L'audience que nous pouvons aller chercher pour cette offre ne se trouve pas encore en ligne, hormis les cas de vidéos virales.

Enfin, concernant le problème de la qualité des images, Rob Curley passe très vite en rappelant que cette vidéo a fait un carton, et qu'il s'en félicite.

lundi 3 novembre 2008

Elections USA: les réseaux citoyens mobilisés contre les fraudes


Toujours traumatisés par les derniers dysfonctionnements du système de vote, les citoyens américains vont utiliser les nouveaux réseaux pour alerter/informer en temps réel pendant les élections.

Et puisqu'on n'est plus en 2004 (You tube n'existait pas, ni vraiment la vidéo en ligne), la page Video your vote sur You tube permet déjà de charger sa vidéo depuis le bureau de vote (un beau mash-up sur la page, au passage).

Exemple avec cette jeune électrice, encore toute émue d'avoir accompli son devoir...




"Imagine if voters in Florida had taken photographs or shot video of the
butterfly ballots that caused so much confusion in the 2000 election, écrit David Ardia, directeur du Citizen Media Law project à Harvard.

If those images had been made available to the public at the time, election officials in Palm Beach might have understood the extent of the problem and acted quickly to replace the ballots or issue additional directions to voters on how to use them.

Perhaps we will see this sort of real-time corrective action in this election, but even if we don't, these sites are laying the groundwork for real-time adjustments in future elections"

Pour alerter, il y a aussi Twitter, imbattable en rapidité, qui trouve encore une nouvelle application pratique (merci à Eric Scherer de Media Watch pour cette superbe page de liens sur les élections).

Dans le même état d'esprit, on notera My fair election.com ("Report your polling station's
condition on Election Day"), et pour l'approche wiki, le Voter suppression wiki s'avère incontournable...

Une seule inconnue: la capacité humaine à rassembler et synthétiser en temps réel ces nouvelles bases de données...