jeudi 31 juillet 2008

La vidéo: un "électrochoc multimédia" pour la rédaction du Télégramme

Avec internet, la télévision perd son monopole de production et de diffusion d'images d'actualité. Le meilleur exemple en région: le Télégramme. Ce titre - l'un des plus innovants en presse quotidienne régionale (PQR), selon moi - s'est posé très vite la question du passage à la vidéo.

Le résultat: un "JT Web" quotidien, d'environ 7 minutes, présenté par un journaliste, en studio ou en extérieur. Démonstration avec cette édition spéciale pour le festival des Vieilles charrues.



Plutôt pro, non? Le Télégramme, un titre de presse écrite, a de facto cassé le monopole de France 3 dans cette région.

"Au départ, raconte Olivier Clech, rédacteur en chef au Télégramme, à qui j'ai posé quelques questions,
l’idée a mûri durant l’année 2006 en constatant l’explosion de la vidéo sur internet (You Tube, Dailymotion, etc) qui révélait un mouvement de fond. Nous nous sommes dits: ''pourquoi pas nous ?'' et avons convaincu notre direction de nous laisser tenter une expérience multimédia qui serait une première en presse régionale et nous permettrait donc de faire du « buzz » autour du Télégramme."

La formule choisie par le Télégramme, un "JT" se singularise des autres expériences en France et à l'étranger. Les autres titres proposent de visionner plusieurs reportages vidéos, à la demande, sans présentateur (ce que le Télégramme propose également à côté de ses JT)
.

Olivier Clech explique:
"nous voulions créer un événement, à la fois pour l’externe et en interne. Si nous nous étions contentés de saupoudrer quelques sujets d’actu en vidéo sur le site, cela serait passé complètement inaperçu pour la grande majorité des journalistes.

La structure Télé a créé un choc psychologique au sein de la rédaction (nous avons aménagé un studio vitré en plein milieu du plateau rédactionnel, au siège du journal) et cela nous a aidé à amorcer la mutation vers une rédaction multimédia. Nous sommes en train de conclure un accord d’entreprise aux termes duquel la rédaction dans son ensemble devient multimédia".


Cette idée de passer par la vidéo pour faire réagir la rédaction et amorcer un passage au multimédia est très intéressante, inédite en France, et un exemple à méditer pour le reste de la presse.


Côté organisation, explique Olivier Clech, " le Télégramme a
recruté un JRI polyvalent et lancé un appel à volontariat au sein de la rédaction pour former une équipe de quatre journalistes-présentateurs qui, à tour de rôle, sortent de leur service durant une semaine pour piloter le JT, l’écrire, le présenter, le monter.

Ils sont alors remplacés dans leur service d’origine par un CDD. Ils ont été formés durant quatre semaines par un professionnel de la TV à l’écriture, l’expression devant la caméra et au montage (logiciel Avid)".


Cette réorganisation et ces investissements dans la vidéo sont-ils rentables?
"Si on l’isole du reste du site, confesse Olivier Clech, sans doute non. Nous considérons la vidéo comme un moteur supplémentaire d’image et d’audience, au même titre que certaines rubriques du journal qui ne sont pas vitales pour sa diffusion, mais sans lesquelles il n’aurait pas l’image dynamique et positive qu’il a aujourd’hui."

Personnellement, je trouve le résultat très réussi. On sent une nouvelle approche, un ton plus proche, plus léger, un JT plus dynamique qu'à la télé. Un exemple avec ce reportage bien tourné et bien monté.

Je reviendrai dans un prochain billet sur les nouveaux formats de vidéos d'actualité sur le web, où le Télégramme fait figure d'exception (présentateur, commentaires sur images). Merci à Olivier Clech pour ses réponses précises :)

jeudi 17 juillet 2008

Mais où est le sponsor de Matt?


On ne présente plus Matt Harding et sa vidéo de danse autour du monde. Pour ceux qui étaient en vacances dans les steppes mongoles, dans une yourte sans wi-fi, "Where the Hell is Matt?" a fait un méga-buzz fin juin, et affiche aujourd'hui 18 millions de vues au compteur.

Plus étonnant: ce tour de la planète était sponsorisé. Par Stride, une marque de chewing-gum. Matt, une pub virale? What the hell !

Il faut la patience d'attendre la toute fin de la vidéo (3 secondes, après tous les remerciements, j'avais coupé au premier visionnage) pour voir la marque apparaître plein pot. Il faut l'oeil aiguisé de François Guillot pour voir le logo à 1'14 et 1'58, très rapidement.

Même avec un lien renvoyant vers Stride en bas de la vidéo sur You tube, cela reste très, très discret.

Surtout, et c'est une première, il n'y a aucun rapport avec le produit, qui n'apparaît d'ailleurs jamais dans la vidéo. Comme l'écrit le Washington Post:

"One funny thing about Harding's video, which compresses 14 months of travel into a few quick minutes, is that it's possible to watch it without realizing that this is anything but a self-funded project. Harding doesn't wear a Stride T-shirt in the video; he doesn't even appear to chew gum. Stride is thanked in a two- to three-second spot at the end of the video"

Finalement, l'avenir de la pub passe-t-il par le non-affichage de la marque? On se souvient d'un autre buzz: la vidéo des backflip jeans. Levi's a attendu quelques jours pour révéler que ses équipes étaient derrière cette pub sans pub. Comme l'analysait alors François Guillot, d'Internet et Opinion(s):

"Levi's aurait-il gagné à apposer sa marque dans le film ? Et bien je n'en suis pas sûr, car une autre question se pose : et si la présence explicite de la marque était un frein à la viralité de la vidéo ?

Le choix de Levi's semble montrer que leur réponse est "oui". Les vidéos amateur cartonnent plus facilement que les vidéos de marque. La même vidéo sans la marque tourne plus qu'avec la marque. Et voilà encore un problème pour les stratégies de marketing viral , dont Levi's prend acte."

J'ai interrogé François Guillot sur le cas Matt/stride, qui rappelle deux exemples récents : les backflip jeans et Levi's, et une marque d'oreillette bluetooth, Cardo, finançant la fameuse vidéo du pop-corn avec des téléphones portables.

"Si on prend ces deux exemples, on voit des marques qui semblent avoir compris que l'affichage de leur nom / logo / produit etc. est un handicap potentiel à la viralité. Elles ont néanmoins deux stratégies différentes :

Cardo Systems utilise la vidéo amateur comme simple teaser, le "reveal" est assez classique avec un mini-site dédié à la clé. Entre parenthèses je trouve cette stratégie irresponsable : beaucoup plus nombreux sont ceux qui auront vu la vidéo du pop corn, que ceux qui auront eu connaissance du reveal (moins excitant que le pop corn, dont moins viral...)

Levi's se contente de mettre son produit en scène - c'est en quelque sorte du placement de produit - et table sur une viralité non seulement de la vidéo mais aussi
du "whodunnit" : le fait que des médias, blogueurs, etc. passent le message : "vous saviez que c'était Levi's?"

Concernant Stride, c'est très très étonnant. D'autant plus étonnant que la tendance naturelle du marketeux est de coller son logo partout, quitte à donner la nausée à tout le monde et surtout quitte à ce que sa vidéo soit 10 fois moins vue... J'ai presque l'impression que Stride n'a pas su comment se rendre présent dans ce buzz et a fini par opter pour une stratégie bizarre d'absence quasi-totale en misant sur un hypothétique buzz dans les médias et blogs. Je ne suis pas convaincu. "

Et vous, êtes-vous convaincu par cette nouvelle stratégie - que l'on pourrait qualifier de stratégie de l'invisible - pour les marques utilisant le marketing viral?

mardi 15 juillet 2008

Reconnaissance vocale: Google lance son moteur

Après Blinkx, ou encore Pluggd, Google lance son propre moteur d'indexation des mots prononcés dans une vidéo.

Le Google Elections Video Search gadget a été spécialement conçu pour rechercher des mots-clés dans les discours des candidats à la Maison Blanche, disponibles sur You tube.



C'est un gadget amusant, encore limité et à l'état de test, mais plutôt performant à première vue (tapez economy, par exemple). Sur la Blinkx broadband TV, le résultat est impressionnant pour les fictions, beaucoup moins pour les vidéos de "hot news" de Reuters, par exemple.

Les applications sont nombreuses. Avec l'apparition de l'écrit dans la vidéo, avec ces nouvelles méta-données, la navigation dans les vidéos va évoluer (à voir également: les liens hypervidéos).

Il sera plus facile de chercher directement les moments d'un discours, d'un documentaire, d'un reportage qui vous intéressent le plus (ou vos répliques préférées dans un film). Certains imaginent déjà des systèmes de reconnaissace vocale couplés à des traducteurs automatiques...pour obtenir en un clic les sous-titres.

Enfin, pour le géant Google-You tube, l'innovation est bien sûr prometteuse en terme de publicité ciblée.