samedi 24 janvier 2009

Info chaude : trouver des témoins avec Twitter local



J'ai testé Twitter local, une application particulièrement prometteuse pour trouver des témoins, à l'occasion de la tuerie, hier, dans une crèche de Termonde, en Belgique.

J'ai pu en quelques minutes rentrer en contact téléphonique avec l'un des adjoints au maire de la ville - qui est arrivé sur les lieux après les faits, et qui m'a décrit l'ambiance dans la ville.

Une fois téléchargée (il faut aussi télécharger adobe air), l'application Twitter local vous permet de rentrer le nom d'une ville et un périmètre (10, 15 miles autour de ce point) pour voir qui "tweete" dans la zone.

J'ai donc rentré le nom Termonde et tracé un cercle de 15 miles autour de la ville. Pas de chance, les twitterers locaux parlent le Flamand, mais je distingue des mots comme "kindergarten".

Je clique ensuite sur le profil de ces membres en train de discuter de l'événement en cours. L'un d'entre eux a un blog, avec un widget Facebook.

Je rentre en contact avec lui via sa messagerie Facebook. Il me communique son numéro de téléphone. Il est à trois kilomètres de la zone, mais son collègue se trouve sur place: j'ai le numéro de téléphone portable d'un contact en ville - qui se révélera travailler aussi pour la mairie. Je l'appelle et recueille son témoignage via Skype recorder.

Avantages:

- La localisation : identifier ceux qui parlent de l'événement (la limite: la langue...) dans la zone. Avec des francophones, j'aurais pu distinguer les commentateurs (des gens qui discutent de ce qu'ils voient à la télé ou à la radio) des témoins sur les lieux.

- La rapidité sur une info chaude

- Le suivi possible de l'information (on peut imaginer dans une newsroom une personne au desk chargée de rentrer en contact avec les réseaux sociaux, pendant que le reporter part en voiture).

Limites:

- les pages jaunes internationales, ça marche aussi très bien, (j'imagine que mes confrères de la télé/radio, qui ont été très réactifs, sont passés par là. Mais 1/ la ligne est souvent occupée 2/ On ne peut pas savoir avant d'avoir eu la personne en ligne si il s'agit d'un témoin sur place ou d'une personne arrivée après sur la zone).

- La non-possibilité d'envoyer des messages directement sur twitter aux témoins potentiels (si vous connaissez un truc, je ne suis encore qu'en phase découverte et expérimentation. Il faut être suivi par cette personne pour lui envoyer des messages directs).

- Tout le monde n'a pas de compte twitter. Il s'agissait souvent de blogueurs, donc d'une infime minorité de la population. Mais en même temps ce sont des personnes très informées, réactives, qui jouent souvent le jeu (en me donnant directement des numéros de portables): on est bien dans des sources d'infos "qualifiées" qui se révèlent utiles.

- Dans une grande ville, on risque d'être submergé par le nombre de tweets, la discussion autour du feu de camp se transformant en bruit assourdissant de hall de gare. Il deviendra alors plus difficile de trier les infos/témoins directs intéressants (alternatives: se former, travailler à plusieurs et en réseau).

-Etre sur place, c'est bien évidemment l'idéal. Selon ce que j'ai pu voir, le témoignage le plus fort et le plus rapidement mis en ligne fut recueilli par un reporter de l'AFP dépêché sur les lieux, Philippe Siubersky. Il a rencontré un autre adjoint au maire, "arrivé à la crèche en même temps que les forces de l'ordre".

Réflexions:

- A côté des moyens classiques (téléphones, email, toujours efficaces) , il devient impératif de comprendre que d'autres voies existent pour rentrer en contact avec des sources et recueillir des témoignages.

- Les faits-diversiers devraient non seulement être inscrits sur twitter mais aussi sur Facebook (j'ai pu rentrer en contact grâce à ces deux comptes), ne serait-ce que pour comprendre la notion de viralité de l'information.

- Pour écouter le grand feu de camp mondial et dénicher des témoins/infos/angles/suivi de sujets, il faut connaître les nouveaux outils. Comme l'écrivait Fleur de l'(e)veille de l'Express, Whostalkin s'avère un puissant outil de veille.

Whostalkin permet de scanner avec des mots-clés des blogs, Myspace, Twitter, Google blog search, mais aussi des plateformes d'images comme Flickr, Vimeo, etc...

Tous les dir com' devraient d'ailleurs le connaître pour suivre la réputation de leur marque et les commentaires.

Dans la même veine - celui des méta-moteurs de recherche de réseaux sociaux - Conversations.net vient de voir le jour (pas encore testé).

Parmi les autres applications Twitter destinées à la presse:

- Il me semble que Twellow est un moteur à suivre. Il permet de trouver des contacts par les infos de leur profil concernant leur localisation et leur secteur d'activité. J'ai essayé avec "journaliste" + "Dallas", ça fonctionne très bien!

- Twitter answer, qui permet de lancer des questions à la cantonnade (cela peut être aussi des appels à témoins). Limite: il faut d'abord être inscrit au service.

- Pour suivre le buzz: Twiturly, qui permet de connaître les adresses de sites les plus virales du moment. Et encore Twitscoop , pour les mots-clés les plus "hot" du moment.

Si vous en connaissez d'autres....

mardi 30 décembre 2008

Pour en finir avec le journalisme citoyen

Quatre années après sa naissance, il est temps de clore le débat sur le "journalisme citoyen" à la sauce 2.0. Pour mieux aborder les opportunités naissantes du témoignage participatif.

Mal forgée, mal interprétée, l'expression "journalisme citoyen" a biaisé d'emblée les termes de la discussion.

En avançant l'idée que "si tout le monde devient journaliste (avec le web 2.0, les blogs, la généralisation des appareils photos, caméras numériques et caméraphones) , il n'y a plus de journalisme", la profession a voulu se faire peur.

Les UGC (User-generated content), ou contenus auto-édités numériques, furent d'emblée perçus comme un risque par les journalistes:

- un risque pour le modèle économique de la presse (l'offre gratuite et abondante des infos amateurs submergerait l'offre traditionnelle des professionnels)

- un risque pour la fiabilité des informations ("l'amateur, ce bidonneur ")

- un risque pour l'équilibre du traitement de l'information (des lobbies s'emparant de ce nouvel outil), entraînant un un nivellement des valeurs, un relativisme échevelé, dans un brouhaha d'enfer.

- un risque pour la qualité des infos, du récit (la fin des canards, donc des plumes)

- un risque pour la vie privée (tous paparazzi, ou le syndrome Big Brother).

Pour de nombreux journalistes, l'intérêt de voir le public entrer dans la danse de l'info s'est révélé non seulement faible, mais dangereux. L'apport? souvent considéré comme marginal.

Noyé dans les flots d'encre d'un tempétueux débat, le "journaliste citoyen" serait-il déjà en train de sombrer?

Peut-être sous cette appellation. Mais c'est pour mieux donner naissance à une autre espèce, le "témoin d'événements", ou témoin tout court, un témoin participant à l'élaboration de l'information (ok, "journaliste citoyen" sonnait bien, trouvons mieux :) ).

Avec le journaliste citoyen, Mr Tout-le-monde devenait un professionnel. Ce qui incluait un travail en amont (la recherche d'un angle, la sélection et vérification des sources) et en aval (l'édition). Un métier, en somme.

A-t-on voulu voir dans cette figure-épouvantail du journaliste citoyen quelqu'un capable de réaliser une enquête au long cours sur des sujets nationaux, voire internationaux?

En accréditant cette idée du "tous journalistes", on allait au-devant d'une déception certaine.

Pour Alain Le Diberder, auteur d'un excellent article à ce sujet dans Culture Web ( sous la direction de Xavier Greffe, Nathalie Sonnac, Dalloz 2008), "le syllogisme subliminal est bien le suivant: Internet égale tout le monde auteur. Tout le monde égale madame Michu. Madame Michu est nulle. Donc Internet est nul."

Parler tout simplement de "témoins" (participant à la production et diffusion d'informations) pourrait dépassionner le débat, et faire mieux saisir à la presse toutes les opportunités du phénomène. Un phénomène dont l'histoire des médias ne fait encore qu'aborder le premier chapitre.

Ce témoin ne sera pas "tout le monde", mais appartiendra toujours une minorité.

Celle qui a envie de porter son témoignage à la connaissance de tous, qui connaît les outils, services, sites appropriés, qui a le réflexe d'agir au quotidien.

"Le cercle des initiés s'élargit: il passe d'une infime minorité à une petite minorité, écrit Alain Le Diberder dans Culture Web. (...) La production de contenus auto-édités numériques est en effet massive par rapport aux contenus classiques, mais elle reste le fait d'une toute petite minorité des internautes: 0,6% pour la photographie, 0,7% pour l'encyclopédie" (wikipedia).


Le témoin :

- tombe par hasard sur un événement qui va faire l'actualité (une vague géante)



- ou désire témoigner sur un événement qu'il est en train de vivre (une manifestation)

- peut se révéler un expert dans un domaine précis (un avocat parlant d'audiences vécues, c'est toute la force et le succès d'un site comme Rue89). L'UGC, terme flou, gagne à être décliné: lire cette intéressante typologie.

- dispose d'outils pour communiquer et connaît les sites qui pourront héberger son témoignage.

- peut commenter, préciser, vérifier des infos fournies par d'autres professionnels ou d'autres témoins.

- Le témoin participant, aussi qualifié soit-il, n'est donc un professionnel de l'info. On n'a jamais vu une rédaction envoyer ses reporters à chaque coin de rue pour attendre qu'un événement se produise. Il ne menace pas le métier de journaliste.
Ce que dit le témoin n'est pas de l'information, mais peut le devenir si on (il faudra se mettre d'accord sur la définition de ce "on": les journalistes seuls?) a recoupé, vérifié, édité le matériau brut.

- Le témoin pourra être rémunéré, mais nous parlons de compléments de revenu, pas d'une activité principale. Imaginons le cas (c'est arrivé) où un média revende à un autre média une vidéo envoyée par un amateur: il semble logique de rémunérer l'auteur (son document a bien une valeur).

Le témoignage participatif, au coeur du journalisme participatif, ne remplacera pas le journalisme traditionnel, mais en composera une nouvelle branche.

Le témoin pourra jouer plusieurs rôles, et apporter beaucoup à une rédaction :


- Alerter.

- Apporter des informations et une mutitplicité de points de vue (texte, photos, vidéos), rapidement, dans un espace médiatique non-limité et accessible pendant longtemps, comme l'avait déjà noté dès 2006 André Gunthert, pendant l'occupation de l'EHESS (PDF).

- Mailler plus finement une zone géographique en temps réel (par exemple pour couvrir une inondation, où de nombreuses zones sont difficilement accessibles aux reporters).

- coproduire l'info, mais aussi la "cofiltrer", comme l'écrit Jeff Mignon: le témoin direct sera une source d'info parmi d'autres (amis, pros, experts...).

- Commenter, apporter des précisions, voire vérifier les informations déjà produites par les professionnels ou la communauté. Toutes les dernières imprécisions, erreurs (de date, de lieu) et bidonnages ont été repérés par des communautés de spécialistes.

- Permettre de dénicher des angles inédits. Voir ses retours d'expériences de journalistes britanniques de la chaîne Sky et de la BBC.

- Trouver d'autres témoins dans ses réseaux sur un événement ou un angle précis.

- Fidéliser une communauté autour d'un titre, d'un site, bref d'une marque média (où je vais retrouver des infos de professionnels mais aussi de passionnés, de connaisseurs).

Revenons sur deux points intéressants:

- L'alerte. Il est tentant de penser qu'avec des outils comme Twitter (puis d'autres), l'information "chaude" viendra plus souvent des témoins, tout comme le suivi immédiat (le crash d'un avion raconté par un passager). Il faudra utiliser ces nouveaux réseaux sociaux à bon escient, en vérifiant et identifiant les sources, en séparant le brouhaha de la discussion du signal d'alerte et des infos intéressantes.

Si une source de tweets ne fait pas forcément de bons témoignages participatifs
, Twitter s'annonce comme une source de sources (selon la belle expression du journaliste Philippe Couve) à ne pas négliger.

"Il ne s'agit pas de remplacer l'info des agences par Twitter ou Flickr (la plateforme de photos), mais de les exploiter intelligemment, et de former les journalistes à les appréhender", remarque Benoît Raphaël.

Pourquoi les alertes provenant des témoins vont-elles se multiplier?

L'internet mobile version iPhone vient tout juste de naître. De nouvelles applications permettront d'envoyer et de recevoir plus facilement des photos/vidéos. L'apparition d'applications mêlant GPS + signature numérique s'avère prometteuse pour vérifier ces photos/vidéos uploadées depuis le mobile.

Le processus d'envoi reste encore compliqué: il faut transférer les photos sur un PC, s'inscrire sur un site, remplir des champs, charger les photos. Le témoignage participatif version web mobile n'est qu'à la première page du premier chapitre de son histoire. La culture de l'upload est surtout répandue chez les digital natives.

Hier, il était pénible, voire impossible d'envoyer une vidéo depuis son mobile: aujourd'hui c'est la diffusion en direct qui s'annonce à portée de tous.


- Le maillage du territoire.
L'hyper-local, vu comme une longue traîne géographique, c'est peut-être le paradis du témoignage participatif.

Comment mieux couvrir une tempête de neige, sur une zone, qu'en se retrouvant sur une même plateforme, pour échanger ses témoignages?

Combien d'équipes de reporters pour atteindre ce degré de couverture?

Alors que le 7 janvier, la neige tombait à gros flocons sur le sud de l'hexagone, Citizenside (la plateforme participative à laquelle je collabore) a reçu en quelques heures plus de 75 photos pour la seule ville de Marseille, et des vidéos saisissantes.


Comment mieux couvrir certaines zones de guerre, là où les professionnels de l'info sont peu présents (je pense à cet efficace outil pour couvrir la crise au Congo, Ushaïdi)?

Le maillage du territoire par des amateurs ne date pas d'hier, remarque Jeff Mignon: le correspondant local remplit depuis longtemps cette fonction...et remplit 80% des pages de la presse quotidienne régionale, contre une rémunération (modique), et la satisfaction d'écrire pour le journal. Réinventer le rôle du correspondant local devrait être une priorité de la PQR.


Conclusion:

- Si certains enterrent le journalisme citoyen, le témoignage participatif a le vent en poupe.

Comme le rappelle Marie-Catherine Beuth,
l'une des tendances fortes en 2008 pour les cent premiers sites de médias américains (rapport en PDF) fut l'ouverture aux photos amateurs - la majorité des sites accueillant désormais des contributions de leur communauté. Pour la vidéo amateur, seuls 18% des sites aux USA disposent d'un espace dédié: la marge de progression reste importante.

Le succès fulgurant en terme d'audience du Post.fr ne s'explique-t-il pas aussi par le degré d'ouverture à la participation du public? La réussite d'un gratuit sur le web comme 20minutes.fr, n'est-il pas dû , aussi, à l'espace laissé à ses lecteurs, pour notamment envoyer des infos/photos?

Un autre exemple: l'essor d'iReport.com, la plateforme participative de CNN. Grâce à des appels à témoignages très nombreux lancés sur la chaîne, plus de 225 000 contributions photos/vidéos ont été reçues depuis le lancement en février 2008, et restent accessibles sur le site.

Environ 1 000 par mois sont diffusées à l'antenne. Ce qui permet à CNN de faire remonter des informations locales, comme lors d'une tempête de neige, où les équipes ne peuvent pas forcément accéder.

CNN USA (qu'on peut regarder via Blinkx Beat) diffuse chaque jour à l'antenne les contributions du jour, interviewe ses membres par téléphone, qui commentent leurs images.




- Le défi sera d'intégrer intelligemment le témoignage participatif dans le journalisme participatif, lui-même une branche (pas la seule) du journalisme en général.

Il faut pour cela réinventer le métier de médiateur, les profils des postes (animateur de communauté, PDF sur les "compétences du futur"), former les autres, comme l'imagine Jeff Jarvis, se former à de nouveaux outils, créer ceux qui n'existent pas encore pour mieux communiquer avec sa communauté (et que la communauté puisse elle-même mieux communiquer).

Ouvrir son espace aux commentaires, aux témoignages, sons, écrits, photos et vidéos. Enfin, descendre de son piédestal, pour amorcer le dialogue avec le public (il ne s'agit pas d'un scoop: ces derniers points, et d'autres abordés ici, ont déjà fait l'objet d'une prose abondante).

Info transparence: je suis le rédacteur en chef de Citizenside.com, plateforme d'échange et de vente de photos et vidéos amateurs d'actualité.

vendredi 19 décembre 2008

Regarder la télé sur son PC avec Bis TV online



Le groupe AB lance aujourd'hui Bis TV online, qui permet de regarder 15 chaînes de télévision en direct, gratuitement, depuis son PC. La technologie de peer-to-peer a été conçue par la start-up israélienne, RayV, dont les fondateurs sont à l’origine de la VoIP.

Comme l'explique le communiqué, "pour une fluidité optimale des données, la RayV Grid est dotée "d’amplificateurs" qui se servent des ressources de bande passante non utilisées pour les allouer à d’autres membres temporairement". C'est ce qui permet déjà à des plateformes de vidéos à la demande comme la Blinkx broadband TV de proposer une très belle qualité d'image (et la reconnaissance vocale).

Mais au fait, pourquoi regarder la télé sur son PC?

"Les habitudes de consommation de la télé changent rapidement", explique en substance Gregg Bywalski, le directeur marketing bien coiffé du groupe AB.

"Le coeur de cible est similaire aux utilisateurs intensifs du web, c'est-à-dire plutôt jeune.
Cependant la réflexion de départ fut de pouvoir proposer un offre TV à tous ceux pour qui la télé par ADSL via un fournisseur d'accès internet n'était pas possible", renchérit Cyril Derache, en charge du projet chez AB group, qui a répondu à mes questions.

Perso, regarder la télé sur son laptop, je trouve ça aussi pratique au bureau pour regarder les chaînes d'info comme BFM TV (la première à diffuser son antenne sur son site) ou sous la couette.

Car ce service existe déjà, notamment avec Zattoo. La société américaine a rencontré de nombreux problèmes juridiques à l'étanger, avec des diffuseurs pas contents de se voir pirater leur antenne. En France, pareil. Mais le logiciel à télécharger fonctionne toujours.



En terme d'offre, l'avantage est toujours pour Zattoo: 21 chaînes gratuites, dont celles du groupe France Télévisions (sans son accord). AB ne diffuse gratuitement qu'une quinzaine de 15 chaînes plus ou moins intéressantes (KTO, qui plafonne à 0,0% de part d'audience sur le câble, était-ce nécessaire?).

Il faut payer 3,90 euros pour obtenir les chaînes du service public (et neuf autres, dont quatre au choix avec Cinefix ou Cinéfirst).

Mais AB nous promet tout plein d'autres chaînes gratuites pour bientôt. Ouf.

Pour les passionnés de basket, NBA devrait prochainement débouler, ainsi qu'une chaîne "100% clubbing electro". Ca, c'est de la niche :).

Bizarrement, certaines chaînes du groupe, comme AB1, ne sont proposées qu'en supplément.

AB vise un taux d'abonnement de 20% (il y a aussi une formule all-inclusive avec des chaînes X à 9,90 euros) et se rémunérer aussi sur la pub.

Gros point positif par rapport à Zatto : Bis Tv online propose une qualité d'image supérieure, et plus fluide, ce qui n'est pas rien (même si la qualité varie selon les chaînes - il y aussi des webchannels).

L'interface pour zapper entre les chaînes est encore un chouïa compliquée, et l'ergonomie améliorable (pourquoi de si petits boutons pour passer à la page suivante?). Je préfère personnellement disposer d'une télécommande "détachable" comme celle proposée par Zattoo.

En revanche, la possiblité de se créer des "Favoris" rend la navigation beaucoup plus pratique, une fois configurée.

Bref, c'est quand même pas mal, mais il manque selon moi des outils plus participatifs pour sortir la télé du téléviseur et l'adapter à une consommation sur un écran de PC connecté.

Par exemple un guide des programmes. Celui de Zattoo est plutôt bien fait, même si dans ce domaine, comme le rappelle Olivier Ezratty, tout reste encore à inventer question ergonomie.

AB dit travailler au lancement d'une "social viewing room", qui permet de chatter en direct, de noter des programmes, de les commenter.

Les diffuseurs américains ont multiplié les expériences de social viewing room cette année.
L'idée est de partager en même temps ses émotions autour d'un programme avec ses proches. Comme devant le téléviseur...mais à distance.

A côté du chat, on a imaginé d'autres défouloirs...comme jeter des tomates (ou des fléchettes, ou des bisous) sur les personnages d'une série, comme le fait CBS avec "How I met your mother".



Mais il s'agit là de programme déjà diffusés et non de télé en direct, ce qui est techniquement plus facile.

La télévision de rattrapage ou catch-up, parlons-en: AB dit travailler à une offre conjointe avec son service de télé sur PC, et propose en version beta : son Repeat LAB.

Bon, pour l'instant, comme il n'y a que des programmes du groupe AB, c'est surtout pratique pour revoir les inoubliables épisodes du "Miel et les abeilles"...

Quel avenir pour Bis? Comme la concurrence est plutôt rare dans ce domaine, le petit logiciel d'AB risque de connaître un certain succès - à condition de proposer une offre gratuite (et payante, mais moins chère) élargie.

jeudi 11 décembre 2008

Buzz et vidéos virales: la stratégie des marques, avec Media Junkie

George Mohammed-Chérif (Buzzman) et François Guillot (I&E, I&O(s) ) ont participé au dernier Media Junkie, la web-émission sur les nouveaux médias.

Thème du jour: le bilan 2008 des campagnes de vidéos virales pour les marques qui ont osé l'aventure.

Dernières tendances, analyses, et l'ingrédient ultime pour réussir sa vidéo virale...Pour comprendre les dessous du buzz, regardez Media Junkie!

mercredi 10 décembre 2008

Influence de la télé ou des blogs? le pouvoir correctif du web

Intéressant débat au Social media club la semaine dernière sur le pouvoir des blogueurs, en marge d'une discussion sur l'évolution des relations publiques.

A ma gauche, "les blogueurs ont maintenant une réelle influence sur l'opinion, notamment dans le secteur de la high-tech, par rapport à la presse spécialisée traditionnelle". Ce qui est vrai.

A ma droite, des analystes plus circonspects: "Sur les sujets hors-geek, les journalistes fixent encore l'agenda, parlent à des millions de personne, ont un impact énorme sur le grand public, contrairement aux blogueurs". Ce qui n'est pas faux non plus, et pour bien des années.

L'un des aspects les plus intéressants de cette année, concernant la télévision, fut la confirmation de la puissance de la blogosphère pour corriger/critiquer la presse audiovisuelle.

Là où les journalistes de presse écrite ont commencé à comprendre la notion de commentaires, de critiques, d'horizontalité du web, les journalistes de télévision découvrent à leurs dépens qu'une voie de retour existe.

Avant, tout était simple. Si je faisais une erreur, une approximation, ou prenais partie (ce qui n'est pas forcément condamnable), dans mon reportage télé, j'avais droit à quelques coups de fils au standard, des lettres acides.

En cas de gros bidonnage, des articles dans la presse écrite (il y eut aussi à la télévision la période Arrêt sur images, qui vit de très belles heures sur le net).

Aujourd'hui, la critique est plus rapide, plus répandue, plus systématique.

Les (plus ou moins) grosses erreurs échappant à l'oeil des journalistes se voient pointer du doigt par des blogueurs/internautes/communautés de spécialistes. Des erreurs soulevées, corrigées, puis commentées, relayées, sur différents blogs ou sites...avant d'être reprises par les médias traditionnels en fin de parcours.

Quelques exemples cette année d'erreurs involontaires ou de bidonnages manifestes:

- La fausse photo de la tornade à Hautmont, "prise par un particulier", présentée comme un scoop à l'antenne par une présentatrice - un cliché qui datait de l'année dernière, et qui avait été réalisé au Royaume-Uni. La supercherie a été repérée par des internautes avisés (d'où la nécessité de vérifier les images amateurs).

- Le faux-client, vrai agent immobilier de ce sujet du 13 heures
: l'histoire n'a pas tardé à faire le tour de la toile.

Au rayon remontage, approximation, "survente" de sujet et dramatisation, trois exemples parmi d'autres.

- Une association qui s'indigne du montage final d'un débat de société sur le logement après avoir assisté à l'enregistrement de l'émission.

- Les étranges raccourcis des Infiltrés concernant une partie du tournage auquel j'ai pu assister.

- On retiendra surtout en 2008 ce reportage d'Envoyé Spécial concernant Facebook, accusé par la blogosphère d'avoir présenté le réseau social comme un repaire de drogués, ados neuneus, etc.

Un sujet magazine qui a déclenché un beau tollé - le meilleur résumé se trouvant évidemment sur BienBienBien.

Le plus surprenant...fut sans doute la surprise du journaliste, dans cette interview de l'Express.fr

Résumer une situation à gros trait, dramatiser (légèrement ou lourdement), couper/déformer un peu trop les interviews dans le sens souhaité (par le journaliste) : nous connaissions ces petits travers de la télé.

Ce qui est nouveau, c'est la possiblité non seulement de s'indigner (pour les spécialistes de la question), mais aussi de le faire savoir. Habitué à tenir son micro branché sur des enceintes surpuissantes, voilà le journaliste projeté dans l'arène, devant répondre point par point à une armée de téléspectateurs mécontents (pour des raisons valables ou non).

Face à ce nouveau pouvoir correctif de la blogosphère (du web en général), le journaliste télé paraît bien désemparé.

Il lui faudra d'abord descendre de son piédestal et se justifier, parler, répondre aux critiques - comme ses confrères ont pu l'expérimenter en ouvrant leurs articles aux commentaires ou en tenant leur blog.

Il lui faudra aussi évoluer sur ses présupposés (je suis le sachant, personne n'a accès aux sources, le public découvre mon sujet pour la première fois, il n'aura pas les moyens de vérifier ni de communiquer autour de mon reportage).

Il lui faudra repenser le fond - le choix de sujets ultra-consensuels - comme la forme - finie (un résumé en forme d'impasse à une seule entrée, sans possibilité de creuser, d'aller voir plus loin), un format de de plus en plus ringard aux yeux du jeune public, un tournage qui hésite toujours entre le storyboard du cinéma et la prise direct, enfin le montage.

MAJ 12/12/08: Comme le suggère François Guillot sur aaaliens, il faut rajouter à ce "pouvoir" de correction de la blogosphère celui des moteurs de recherche. Si l'on s'intéresse au sujet, on trouvera rapidement des billets apportant la contradiction, corrigeant/critiquant le reportage télé. Et pour longtemps. Grâce à la magie de Google. C'est l'une des forces du web (la permanence) par rapport au caractère éphémère et unique de la la diffusion. Mais là encore, on parle à l'heure actuelle de milliers (dizaines, centaines de milliers dans le meilleur des cas) quand une émission de magazines compte en millions de téléspectateurs.

lundi 10 novembre 2008

Les web-cartoons cartonnent (et leurs sponsors aussi)

Retour sur une expérience toujours en cours: le dessin animé Cavalcade of Comedy.

L'un des plus gros budgets de série en ligne - on parle de plusieurs millions de dollars. Et le plus beau succès de la rentrée, signé par Seth Mc Farlane, un créateur déjà bien installé avec Family Guy.

Des épisodes courts : 2 minutes. Des chiffres démesurés: 2,6 millions d'épisodes vus les trois premiers jours en septembre. 14 millions de vus pour les six premiers épisodes. Le 9ème abonnement le plus populaire de l'histoire de You tube.

Du jamais vu.

Beaucoup plus que l'autre gros budget de la saison (mais avec une stratégie d'audience différente: Model.live de Vogue USA et Express)

Sa recette: l'humour, version encore plus trash que South Park. Sur le net, pas de censure. Exemple avec ce hit (7 milions de vus sur You tube):



Depuis le début, le succès ne se dément pas. Les épisodes les moins populaires rassemblent 350,000 personnes. Le dernier épisode, à l'heure où j'écris ces lignes: 61 000 vues en moins de 18 heures.

De quoi faire rentrer les 50 épisodes prévus dans les annales de la (récente) histoire des productions online-only.

Les chiffres semblent inclure les bannières Adsense. Le modèle économique est en effet inédit: à côté du classique sponsor (Burger King, qui ne regrette sûrement pas son choix!), la série est distribuée directement en lieu et place des bannières Adsense statiques sur certains sites ciblés.

Plutôt que de voir une pub, vous tombez sur un dessin animé - précédé d'une pub (en pre-roll). Ce serait l'un des plus gros deals jamais signés par Adsense.

Les revenus sont donc partagés en quatre: l'auteur, Google/Adsense, Mediaright (la régie publicitaire), et le site où la vidéo est syndiquée.

"Nous réinventons le media de masse" avait annoncé Kim Malone Scott, le directeur des opérations de Adsense. Sa prédiction semble se réaliser...

A noter un autre gros succès, pour rester dans les dessins animés originaux: Supernews, de Josh Faure-Brac, produit par Current TV (le site et TV d'Al Gore). L'un des épisodes a dépassé les 3 millions de vues sur You tube.



Remarque de Faure-Brac, dans son interview à Mark Glaser de PBS: "With a live audience, a comedian can know if something is funny or not. With the Internet, we can know if something is funny or not within a day or two."

jeudi 6 novembre 2008

Info régionale et vidéo en ligne: qualité ou quantité?

Retour sur un débat qui a agité la blogosphère américaine des éditeurs en ligne de presse régionale, jusqu'à faire réagir le pape, sa sainteté Rob Curley :

Maintenant qu'on s'est tous mis à la vidéo, que faire?
Des sujets magazines originaux et léchés, de l'enquête, de l'interactivité pour se distinguer de la télé?

Ou miser sur l'info chaude, avec des pastilles d'une minute vite tournées, vite montées, pour concurrencer les chaînes locales en jouant sur la rapidité de la mise en ligne?

Bref: la qualité ou la quantité?

(On aimerait un même débat en France, mais j'y reviendrai dans un prochain post: la presse quotidienne régionale (PQR) hexagonale, à quelques exceptions près, a pris beaucoup de retard dans la vidéo - ne serait-ce qu'en Europe par rapport à la presse britannique, espagnole, italienne)

Tout est parti d'un billet d'Angela Grant de News videographer taclant un confrère (Howard Owens du site local Batavian) se vantant d'avoir tourné-monté-diffusé un incendie plus vite que son ombre. Sans vraiment prendre trop le temps de filmer l'essentiel (la maison en feu).



Angela Grant donne aussitôt un contre-exemple de meilleur récit en images d'un fait-divers similaire. Le débat s'enflamme...

Réaction de Colin Mulvany , (cité parmi les bons élèves): dépassons le débat qualité/quantité et posons-nous les questions suivantes:

- (au fait) Pourquoi réalisons-nous des vidéos pour nos sites?
- Le public est-il en demande de vidéos de qualité?
- La vidéo attire-t-elle des visiteurs?
- Peut-on se permettre de diffuser des sujets de mauvaise qualité?
- La vidéo est-elle nécessaire pour les "petits" sites de piètre qualité sans budget?

Ces questions ont titillé le phare de Las Vegas, Rob Curley, qui livre des réponses éclairantes (ok, celle-là était facile). Je résume, réédite et traduis très, très librement:

- Pourquoi un site régional doit-il faire de la vidéo, et quelle est notre stratégie, au Las Vegas Sun?

"Nous suivons avec attention les innovations en cours sur les supports (Apple TV, kindle, HD sur IPTV) et les plateformes (You tube, etc), pour être prêt avant les autres le jour J: quand des terminaux mobiles, multimédias et connectés seront dans la poche de Mr tout-le-monde.

J'utilise internet pour le texte (email) mais le réseau devient une espace visuel incroyable. Il y a une raison qui explique le succès énorme de You tube, des photos sur Facebook (10 milliards de photos stockées, 300 000 clichés vus chaque seconde, ndt).

Nous avons besoin de récits visuels bien racontés (great visual storytelling) et bien présentés.

"Si, au Las Vegas Sun, nous mixons nos intuitions éditoriales avec nos prouesses techniques, je pense que notre équipe de reporters vidéos n'est pas seulement d'une importance cruciale pour notre survie, mais également un élément-clé de notre développement futur. "

- Est-ce que le public est à la recherche de vidéos de qualité?

En introduction, Curley explique : "au Las Vegas Sun, je rangerai notre production video dans la catégorie qualité.

Mais pas au sens où on l'entend dans le débat en cours.

Nous avons investi dans un personnel très qualifié de journalistes mobiles, mais ils sont tenus de réaliser un reportage par jour.

Il faut être très réactif sur le fait-divers local, comme un accident de voitures spectaculaire impliquant un camion en feu.

Qualité ne doit pas rimer avec ennuyeux. J'ai vu des professeurs et confrères se pâmer devant des vidéos du Washington Post (Curley travaillait au Post), et quand je regardais les chiffres...je pense que ces reportages ont juste été vus par l'équipe et leur famille...

La question n'est pas tant celle de la qualité/quantité, mais celle-ci: réalisons-nous les vidéos que les gens veulent vraiment voir?

Voulons-nous des interviews des sportifs vedettes du coin, du "people", des faits-divers, de la bonne info locale? Oui. Voulons-nous produire aussi des web-documentaires percutants? Oui.

Si les gens viennent pour déguster un steak-frites, il faut s'assurer de leur proposer aussi des brocolis. Nous voulons leur donner ce qu'ils veulent et ce dont ils ont besoin.

Notre but est de servir les masses, pas seulement l'élite. Si nous ne proposons que du brocoli à chaque menu, le public finira par déserter notre restaurant. "

- Est-ce que la vidéo a attiré des visiteurs sur votre site?

Rob Curley reconnaît que les chiffres d'audience restent modestes. D'où l'intérêt de se concentrer sur le marketing, de mieux faire connaître son offre.

"Passer nos programmes sur les stations locales me semble être une étape obligatoire", écrit Curley (le Las Vegas Sun produit déjà des émissions sportives).

L'audience que nous pouvons aller chercher pour cette offre ne se trouve pas encore en ligne, hormis les cas de vidéos virales.

Enfin, concernant le problème de la qualité des images, Rob Curley passe très vite en rappelant que cette vidéo a fait un carton, et qu'il s'en félicite.

lundi 3 novembre 2008

Elections USA: les réseaux citoyens mobilisés contre les fraudes


Toujours traumatisés par les derniers dysfonctionnements du système de vote, les citoyens américains vont utiliser les nouveaux réseaux pour alerter/informer en temps réel pendant les élections.

Et puisqu'on n'est plus en 2004 (You tube n'existait pas, ni vraiment la vidéo en ligne), la page Video your vote sur You tube permet déjà de charger sa vidéo depuis le bureau de vote (un beau mash-up sur la page, au passage).

Exemple avec cette jeune électrice, encore toute émue d'avoir accompli son devoir...




"Imagine if voters in Florida had taken photographs or shot video of the
butterfly ballots that caused so much confusion in the 2000 election, écrit David Ardia, directeur du Citizen Media Law project à Harvard.

If those images had been made available to the public at the time, election officials in Palm Beach might have understood the extent of the problem and acted quickly to replace the ballots or issue additional directions to voters on how to use them.

Perhaps we will see this sort of real-time corrective action in this election, but even if we don't, these sites are laying the groundwork for real-time adjustments in future elections"

Pour alerter, il y a aussi Twitter, imbattable en rapidité, qui trouve encore une nouvelle application pratique (merci à Eric Scherer de Media Watch pour cette superbe page de liens sur les élections).

Dans le même état d'esprit, on notera My fair election.com ("Report your polling station's
condition on Election Day"), et pour l'approche wiki, le Voter suppression wiki s'avère incontournable...

Une seule inconnue: la capacité humaine à rassembler et synthétiser en temps réel ces nouvelles bases de données...

vendredi 31 octobre 2008

Media Junkie: naissance d'une émission sur les nouveaux médias

Petite autopromo (la dernière, promis): l'arrivée de Media Junkie, une émission pour les accros des nouveaux médias (contenus, tendances, stratégies) coproduite par Décideurs TV et Citizenside.com, et co-animée par Marie Chevalier.

A chaque fois, une interview avec un acteur de ce nouveau monde : on commence avec 20 minutes.fr qui se lance dans l'info sur les terminaux mobiles, avec la passionnante Hélène Fromen.

jeudi 30 octobre 2008

Communiquer par la vidéo en ligne: l'exemple de Mortel scooter



Comment sensibiliser plus efficacement les ados aux dangers du deux-roues, sans passer par les traditionnels spots TV et les sermons au collège?

La Prévention routière a eu la bonne idée d'aller chercher sa cible où elle se trouve: sur internet, et d'utiliser son medium favori, la vidéo.

Le résultat: Mortel scooter. Un site 100% vidéo, qui joue de prime abord sur l'ambiguité avec des vidéos d'accident fortes (on ne saisit pas le message au premier coup d'oeil et le logo de la Prévention routière est très, très discret). Dans un deuxième temps, on voit des ados victimes de la route, avec des témoignages souvent très forts.

Un bon exemple de nouvelle campagne de communication web-only et mono-video. En plus pour la bonne cause. L'approche fait pas mal de bruit sur les forums...

Pour la conception, on retrouve l'équipe I&E - et donc I&O, puisque François Guillot est l'un des maîtres d'ouvrage.

jeudi 23 octobre 2008

Bien rater sa vidéo en 5 leçons...

Dans la série : "et si le rôle des journalistes était aussi de former le grand public?" Un petit tutoriel de base pour les amateurs de vidéo...




Comment rater sa vidéo en 5 leçons! from Aurelienv on Vimeo.

lundi 6 octobre 2008

Série et docu sur le web: arte place deux ovnis en orbite

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Grand jour pour arte, qui annonce le lancement de non pas un, mais deux projets novateurs: une websérie sur Myspace, Twenty show, et un web-documentaire Gaza/Sdérot.

"Il ne s'agit pas à proprement parler de « programmes Internet », ils sont partie intégrante de l’offre audiovisuelle d’ARTE, qui dans cet effort a mobilisé comme pour un programme habituel, ses partenaires habituels, les producteurs, et obtenu un financement de la part du CNC", précise Jean Rozat, DG d'arte France.

Car au final, les deux projets seront remontés pour une diffusion à la télé...une inversion de la chronologie habituelle.

Bref, je vous invite à tester ces deux expérimentations bénéficiant de budgets conséquents (pour internet : 500 000 euros pour Twenty Show, 216 000 pour Gaza/Sderot), supervisés par l'excellent Joël Ronez (pour les journalistes, lire L'écrit web, vraiment bien).

- Plusieurs nouveautés. Pour la série Twenty show, la série n'est pas diffusée à un endroit unique, mais vit sur les pages Myspace de quatre personnages. Par petits modules de 3 minutes, des vidéos-confessions de djeun's, avec des problèmes de djeun's.

twenty show: la bande annonce


Le logo arte est quasiment absent des profils Myspace: "on cherche à faire exister le programme par lui-même", explique Joël. Il y a aussi le public visé: très jeune, comme les personnages qui parlent devant leur webcam.

Explication. Avec une audience de 58 ans de moyenne, arte cherche à rajeunir son public en ligne. La chaîne a pu faire l'expérience du rajeunissement subi du public regardant les rediff de documentaires - comme celui sur Monsanto - sur les sites (là aussi en avance sur la concurrence) arte + 7 et arte VOD.

Avec Twenty show, on est très loin des soirées Thema sur la deuxième guerre mondiale.

La chaîne franco-allemande prévoit de diffuser 40 webisodes sur 8 semaines. Le casting est plutôt réussi, j'ai particulièrement aimé le personnage de Goldfish (Julien Bouanich).

mes coups de gueule!!!



Toute l'armada des fonctionnalités Myspace permet d'interagir avec les personnages, qui ont même des profils sur Facebook. Sur le profil de l'un d'entre eux, on peut même lire "'j'aime pas la télé"! Ouch. Il paraît qu'une certaine Stylogeek se cacherait derrière tout ça...

Au final, arte prévoit de mixer le tout (avec par exemple les réactions vidéos des internautes) pour une diff début 2009.

Posted by Picasa


- 2ème projet, Gaza/Sderot. Là encore, c'est ambitieux . Une coproduction avec Bo Travail! et Upian.com pour des portraits croisés de Gazaouis et d'Israéliens vivant à quelques kilomètres d'écart. Chaque jour, un « webisode » de 2 minutes permet de suivre une dizaine de personnages, pendant deux mois.

L'interface est particulièrement soignée et réussie, l’internaute entrant dans l’histoire par le biais d’une frise chronologique, de mots-clés, ou d’une carte.

Je trouve l'approche par les cartes - comme l'idée de départ - vraiment pertinente. Pour ceux qui ont fait le (très court) voyage, Gaza/Ashkelon ou Gaza/Sderot, le contraste est pour le moins...euh, saisissant entre ces deux mondes. Reste à voir comment le doc tient sur la longueur.

Les vidéos seront dès le départ accessibles en cinq langues sous-titrées : français, allemand, anglais, arabe et hébreu. Il y a bien sûr un espace de partage de vidéos, commentaires,
podcast, pour susciter et faire vivre le débat.

dimanche 28 septembre 2008

Envoyer juste l'extrait d'une vidéo par e-mail


J'ai été invité à tester Videosurf, un nouveau méta-moteur de recherches, encore en version beta. Les fonctionnalités s'avèrent prometteuses.

On peut compulser des dizaines de sites de vidéo (comme le permettent déjà Blinkx, Truveo, Videofetcher...), mais aussi visualiser d'un seul coup d'oeil les différentes séquences de la vidéo (la time-line), voire ne sélectionner que l'apparition des visages au sein du clip !

Parmi ces nouveautés, une application a attiré mon attention: on peut sélectionner très simplement un extrait d'une vidéo avant de l'envoyer par e-mail à son réseau.
Les point d'entrée et de sortie se sélectionnent avec la souris, une miniature et le time-code apparaissent en temps réel. Vraiment bien.

Il fallait auparavant télécharger la vidéo, la découper, et recharger l'extrait sur une plateforme pour alerter et/ou buzzer la vidéo. C'est maintenant à la portée de tous - en beaucoup plus rapide et plus viral...

PS: Il n'est pas encore précisé si le partage prévu via Facebook, Digg, etc...concerne l'extrait de la vidéo ou tout le clip. Mais la première possiblité serait la plus logique, et la plus...fun. :)

dimanche 21 septembre 2008

Pub: ne dites pas "websérie", mais "placement de produit divertissant"


Avant, tout était simple. Le producteur produisait, le diffuseur payait en se rémunérant sur la pub ou des abonnements (Canal plus). Aujourd'hui, personne n'imagine lancer une série payante sur le web.

Pourtant, le public (jeune, urbain, connecté) est là - et de moins en moins devant sa télé.

Hormis le spot de 30 secondes, une formule s'impose pour dégager des budgets conséquents (pour le web): le placement de produit.

On ne dit donc plus websérie mais "branded entertainment". Cela existait déjà dans les films, les séries TV, mais comme une source ponctuelle et non-exclusive de financement, ici c'est sytématique !

Le grand avantage? Sur le net, on peut acheter en un clic le produit présenté pendant l'émission.

Plus rapide, plus efficace qu'à la télé. Pour le lancement de son web-reality show Model.live à 3 millions de dollars, le magazine Vogue USA a fait débourser "des centaines de milliers de dollars" à son principal sponsor, le fabricant de prêt-à-porter Express.

On retrouve le même business plan dans Gemini Division, l'autre gros budget de la rentrée en matière de websérie (NBC digital). Le producteur s'est associé à Intel, Cisco, Microsoft pour cette histoire de science-fiction.

Et on entre en effet dans une autre dimension, à en croire ce récit d'un reporter de Wired: c'est le producteur lui-même qui suggère à l'annonceur le meilleur moment pour placer un nouvel outil de visio-conference !

Se mettre d'accord sur le script, c'est le prix à payer dans ce nouvel écosystème pour faire de la série un "self-financing marketing vehicle", comme le dit le producteur de Gemini.

En France, la nouvelle websérie sur David et Cathy Guetta est sponsorisée par Hollywood chewing-gum (qui veut se renforcer sur le "segment blancheur", paraît-il).

L'ère du "branded entertainment" systématique ou "advertainment" - cf Blue, la nouvelle agence de pub de Luc Besson - risque de faire bouger les lignes entre créateurs, agences de pub et diffuseurs.

De nouveaux intermédiaires se créent aux Etats-Unis. Un scénariste en mal de financement d'un côté, une marque qui cherche à toucher efficacement sa cible de l'autre, et au milieu, une agence qui s'occupe de tout pour placer le produit au bon moment dans la bonne série - et sur la bonne plateforme.

Après le sponsor discret dans les vidéos virales comme celle de Matt Harding (relire Internet et opinions à ce sujet), les marques investissent les fictions à (plus ou moins) gros budgets sur le web.

Avantages par rapport au lancement d'une seule vidéo virale: la série est étalée dans le temps, on peut fidéliser une cible, contrôler le script...Reste à déterminer le point de saturation du public...Vous le situez où?

mercredi 17 septembre 2008

Un autre journal pour TF1: le "JT off "

Alors que la nouvelle formule du 20 heures de Laurence Ferrari peine à s'installer (même s'il est encore un peu tôt pour en tirer des conclusions), TF1.fr lance son"JT off".

Un journal diffusé sur le web et qui commence avec cette formule surprenante, de la part d'un diffuseur: "Ce que vous n'avez pas vu à la télé" ! Intéressant de voir que ce slogan est aujourd'hui aussi vendeur que le macaron d'antan, "Vu à la TV"...

Le "JT off" est un ovni. 12 minutes. Tourné par Matthieu Dupont (avec Alexis Pinel), l'un des plus grands reporters d'images du PAF (c'était aussi mon prof au CFJ), qui écrit seul ses sujets. Le thème choisi: les coulisses de la visite du pape à Paris. Pas de commentaire sur images (la tendance se confirme), des effets de montage originaux, des séquences de vie. En effet, on ne voit pas tout ça au JT sur cette longueur.


Pour Pascal Emond, le rédacteur en chef du portail d'info de TF1 et LCI.fr, " l'idée, c'est de proposer un format pour le Web, tout images, séquencé, avec beaucoup d'effets, un peu de caméra subjective.
Objectif : soulever le capot de l'actu, raconter une histoire différente autour d'un événement déjà très suivi en TV.

L'objectif développement : montrer, face aux pure players, qu'un grand media TV peut inventer des formats pour le Web, avec une démarche de grande qualité, dans notre logique "media global. "

Info transparence: j'ai longtemps travaillé à LCI.


Le JT OFF sélectionnée dans Actualités & Politique